Airparif ne défend personne et ne pointe personne du doigt. C’est ce que l’on pourrait dire du dernier rapport de l’organisme chargé de contrôler la pollution de l’air. En effet, certaines zones de la capitale notent des pics de pollution. D’autres une forte baisse… Mais du coup, la ville de Paris n’a pas manqué de tourner à son avantage le rapport. Notamment sur la baisse de pollution le long de la rive droite de la Seine. Piétonnisée il y a peu à grand coup d’attaques médiatiques. Sur les quais bas, aujourd’hui le parc des rives de Seine, on note une baisse de la pollution qui atteint -25%. Sur les quais hauts, ce chiffre frôle les -20%.
Christophe Najdovski, adjoint chargé des transports, s’est félicité de ce résultats dans les colonnes du Parisien. « C’est une bonne nouvelle, qui confirme une fois de plus que la piétonnisation constitue un vrai espace de respiration pour les Parisiens », s’exclame-t-il. Mais les habitants du boulevard Saint-Germain ne vont pas être de son avis… La piétonisation des voies sur berges a déplacé la circulation sur des axes périphériques. Et notamment dans les 5ème et 6ème arrondissements. Le long du boulevard, la hausse de la pollution est de 1 à 5%, allant même jusqu’à 15% sur le quai Henri IV dans le 4ème arrondissement… En cause ? la politique de redistribution de l’espace public.
Un dialogue de sourd entre la mairie de Paris et les opposants
Dans la globalité du rapport d’Airparif, la modification des plans de circulation au coeur de la capitale n’a eu aucun impact réel sur la hausse ou la baisse de pollution. Alors s’engage un dialogue de sourd dans la politique de la ville. « La piétonnisation n’a pas annulé la pollution. Cela l’a juste déplacée », argumente Stéphane Beaudet, vice-président LR en charge des Transports, dans les colonnes du Parisien. De son côté Christophe Najdovski, Adjoint au transports à la mairie Paris, explique au Micro de France Info que « Le trafic a diminué dans le centre de Paris puisqu’en cumulé, on a une diminution, avec une amélioration globale le long des quais, avec -25% de dioxyde d’azote ».
Du coup, à la mairie, on s’empresse de vouloir accentuer le mouvement du Paris sans voiture. Notamment en demandant à Valérie Pécresse, la présidente de la Région Ile-de-France, de participer au financement d’un projet de création d’un site propre au bus sur les quais hauts. Faire pression pour réduire une nouvelle fois l’accès aux véhicules automobiles privés ? C’est probablement l’objectif de la mairie. Marqué aussi par l’installation d’une piste cyclable le long de la Seine entre la Porte de Saint-Cloud et le Pont Bir-Hakem. Sur DemainTV, Florence Berthout, la principale opposante à Anne Hidalgo au conseil de Paris, déclarait: « La réalité aujourd’hui, c’est que la politique est totalement dogmatique et que Madame Hidalgo en profite pour régler ses comptes. A l’arrivée, sans aucune concertation ni aucune consultation, on a une voie à sens unique sur l’avenue de Rivoli et sur la voie Georges Pompidou ».
L’utilisation de la voiture au coeur du problème
Mais le problème n’est-il pas autre ? En effet, la principale question est notamment de faire descendre le nombre de voitures et d’automobilistes à Paris. Les Parisiens utilisent-ils autant leur voiture depuis la réduction des voies et la piétonnisation du centre de Paris ? L’augmentation des bouchons sur certains axes laissent croire à une affluence toujours aussi importante… N’est-ce pas là la solution au problème ?
Pour la mairie, la guerre aux automobilistes semble ouverte. On voit notamment le nombre de stations service en baisse considérable depuis près de 20 ans comme le démontrait Francis Pousse, le président des propriétaires et exploitants de station service en France, sur France Inter. La mairie étant propriétaire de nombreux terrains sur lesquels sont implantées les stations, elle ne renouvelle pas les concessions. D’autant qu’une directive de l’Union Européenne qui sera effective en 2020, interdit l’implantation de stations service à moins de 13 mètres d’une zone d’habitation. Une mesure écologique qui fait échos au rapport de L’Agence européenne de l’environnement (AEE).
La pollution cause un demi million de décès chaque année en Europe
Selon l’étude de l’AEE, en 2014, la pollution de l’air a causé le décès prématuré de 520 400 personnes en Europe. Un chiffre qui concerne quarante et un pays du continent européen. 487 600 des victimes sont issues des pays de l’Union européenne. Les particules fines étant la principale cause de mortalité. « Les particules fines continuent de provoquer le décès de plus de 400 000 Européens chaque année », explique dans le directeur de l’agence, Hans Bruyninckx, chez nos confrères du Monde.
Les particules fines sont désormais classées cancérigènes pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer. Les particules et les polluants à l’origine de la formation des particules ont plusieurs causes. Principalement les systèmes de chauffage et le trafic routier. L’année 2016 a notamment été marquée par de nombreux pics de pollution à Paris. Ces derniers se cristallisent lors des périodes de grands froids ou de grandes chaleurs. Notamment lorsque l’absence de vent empêche l’évacuation naturelle de ces particules.