Priorité éco: Christine Ockrent reçoit Abdelmalek Alaoui CEO de Guépard Group
Comment le Maroc a-t-il réagi à la crise sanitaire et quels ont été les changements provoqués dans le pays ? Pour détailler et analyser les stratégies sanitaires et économiques du Royaume, Abdelmalek Alaoui, CEO et fondateur de Guépard Group, auteur de l’ouvrage Le temps du Maroc, est l’invité de Christine Ockrent dans un nouveau numéro de Priorité Eco.
Priorité éco: le Maroc face aux crises sanitaires et économiques
Alors que beaucoup d’observateurs redoutaient que la technostructure marocaine ait du mal à faire face aux crises sanitaires et économiques du COVID, le Maroc a surpris par sa capacité de résilience et d’adaptation aux contraintes sanitaires. “Le Roi a très rapidement mis en place un principe de précaution maximum ; un filet économique et social massif déployé dès les premières semaines de la pandémie.” Et parmi les mesures rapidement entrées en vigueur, des investissements conséquents dans les masques (en avril 2020 le Royaume en produisait plus de 10 millions par jour) et dans les vaccins ont été effectués. Le pays vient d’ailleurs d’annoncer le lancement d’une grande usine de production de vaccins avec un investissement conséquent ; plus de 500 millions d’euros.
“Le Maroc a d’abord été acheteur de vaccins, avec une position d’un pays à revenus intermédiaires, c’est-à-dire très en bas de la liste, poursuit Abdelmalek Alaoui. Avec l’ouverture de cette usine, l’objectif pour le pays est d’accéder à la souveraineté sanitaire et de devenir le hub régional pour la production et la vente de vaccins.” Les deux dernières années ont également été le théâtre d’une profonde mue politique pour le Royaume qui a vu disparaître les partis d’islam politique au profit d’un gouvernement d’inspiration libérale.
“Le Maroc a réussi à déloger les islamistes par les urnes et pas par les armes”, se réjouit l’expert du Royaume. Pour l’avenir, Alaoui prédit une forte industrialisation du Maroc conçue main dans la main avec l’Europe. “Le Maroc est un hub industriel en devenir qui va créer des emplois au Maroc et en Europe, poursuit-il. C’est ce que l’on observe aujourd’hui dans le milieu automobile ; Renault et Stellantis gagnent beaucoup d’argent au Maroc et ont fait éclore un écosystème d’entreprises autour d’eux.” A l’heure où le sommet Union européenne-Union africaine s’apprête à accueillir des dirigeants du monde entier, de nombreuses questions se posent dans le domaine du digital ; “va-t-on observer un assèchement du vivier de développeurs et de codeurs au Maroc par l’Europe ? Les investissements nécessaires pour réduire la fracture numérique vont-ils être réalisés ? Un véritable partenariat gagnant-gagnant va-t-il être implémenté ?”