Et si le futur du travail n’était pas une fatalité technologique, mais une aventure collective à écrire ? C’est la conviction de Jérémy Lamri, invité de Julienne Nadin dans Future of Work. Entrepreneur, chercheur et auteur de plusieurs ouvrages sur les mutations du travail, il propose une lecture lucide et engagée de ce qui nous attend.
Secteur quaternaire : bâtir un futur du travail collectif
Dans son livre 2040 : Cinq futurs possibles et comment s’y préparer, Jérémy Lamri explore cinq grands scénarios qui pourraient façonner le monde du travail d’ici quinze ans. Loin de jouer à deviner l’avenir, il s’agit surtout d’outiller notre réflexion pour mieux choisir les chemins que nous voulons suivre.
Les cinq familles de scénarios qu’il présente sont :
- l’effondrement (guerres, crise écologique, rupture des systèmes),
- la dystopie (technologies intrusives, sociétés hypercontrôlées),
- le néo-humanisme (retour au progrès et à la solidarité),
- la décroissance consciente (choix planétaire d’un ralentissement volontaire),
- et la transcendance (ruptures inattendues liées à la science ou la découverte).
Parmi ces visions du futur, le secteur quaternaire apparaît comme un sous-scénario du néo-humanisme. Celui d’un modèle de société qui valorise la contribution plutôt que la simple production. Ce secteur valoriserait les activités à impact – éducation, santé, solidarité, écologie – aujourd’hui peu reconnues économiquement mais essentielles au vivre-ensemble.
« Tout ce qui ne rapporte pas d’argent mais sans quoi on ne peut pas faire société », explique-t-il.
Pour rendre cette transition possible, Jérémy Lamri propose de passer d’une logique de “compétences” à une approche centrée sur les “capacités” humaines : apprendre, s’adapter, coopérer, transformer. Autant de leviers pour bâtir une société plus résiliente et plus juste.
C’est dans ce cadre qu’il a fondé Les Émergentes, une association citoyenne qui promeut des actions concrètes : cartographie des initiatives, projets de recherche-action, ou encore réflexion sur un revenu contributif pour reconnaître les engagements non marchands.
L’enjeu est clair : si l’on veut voir advenir un autre futur, il faut le préparer dès aujourd’hui et collectivement.