C’est la mesure qui est censée incarner la politique de gauche d’Emmanuel Macron, la suppression de la taxe d’habitation pour près de 80% des ménages. Mais cette taxe d’habitation est primordiale pour certaines communes qui vont voir leurs moyens financiers descendre en flèche. Si bien que des élus, soutenus par des sénateurs, ont montré leur scepticisme et leur agacement face à cette proposition. En effet, ce lundi 20 novembre, le Parisien dévoile coût exact de cette mesure pour les villes françaises. Marseille perdra 178 millions d’euros, Toulouse 80 millions, Lyon 78 millions, Paris 151 millions d’euros. Le journal va même plus loin en expliquant que 52 communes n’auront plus d’apport monétaire du tout et 131 municipalités ne feront payer qu’à un seul foyer…
Suppression de la taxe d’habitation, entre pour et contre
Cette mesure est une promesse de campagne d’Emmanuel Macron avant le premier tour de la Présidentielle 2017. Une mesure populaire. En effet, selon un sondage Harris Interactive pour RMC et Atlantico publié lors de la course électorale, c’était la mesure, tous candidats confondus, la plus populaire. Et pour cause, elle concerne 80% des foyers. Il s’agit en fait d’une exonération qui sera mise en place progressivement entre 2018 et 2020. Cela devrait toucher près de 22 millions de foyers français. Ce seront les ménages les plus modestes qui seront donc touchés par cette mesure.
Si bien que les communes qui accueillent un grand nombre de logements sociaux risquent de perdre gros. Une manne financière conséquente qui servait habituellement à l’entretien des équipements municipaux. Et même si des compensations ont été proposées pour pallier au manque dans le projet de loi de finances 2018, l’Association des maires de France (AMF), qui se réunit pour son 100ème congrès ne semble pas convaincue.
La vie dans les communes profondément modifiée ?
Mais si cela a un impact conséquent sur la population. Les communes devront probablement compenser le manque à gagner. Si bien que des infrastructures municipales ne pourraient plus être entretenues et que les prix de certaines activités orchestrées par la municipalité pourraient s’envoler. Notamment sur les associations sportives qui verraient leurs subventions baisser et donc devraient soit perdre en qualité d’infrastructures, soit augmenter le prix des adhésions. Baisser la taxe d’habitation ne serait donc pas un bénéfice complet pour la population dans certaines communes.
Ce tissu associatif est pourtant le lien d’intégration important dans certaines zones défavorisées comme c’est le cas de la Seine-Saint-Denis en Ile-de-France. Baisser les subventions reviendrait à amoindrir les politiques locales qui tentent d’unifier les habitants de certaines communes, comme c’est le cas de La Courneuve. Pour le maire Gilles Poux, cela reviendrait à créer des disparités au sein même des habitants. « Ceux qui paient auront le sentiment d’assumer pour ceux qui ne paient pas. Cela risque de renforcer les césures entre les populations », déclare-t-il au Parisien. Dans sa ville, 93,4% des foyers se verraient exonérés de taxe d’habitation.