« Si nous voulons que la Métropole du Grand Paris réussisse à l’échelle de la compétition internationale, nous avons besoin de simplifier drastiquement les structures ». Devant la Conférence nationale des territoires le 17 juillet dernier, Emmanuel Macron avait bâti les fondations de son projet pour l’Ile-de-France. Une phrase qui faisait écho à une de ses déclarations de campagne. « Là où il y a métropole, les départements ont vocation à disparaître ». Mais quels départements ? Vraisemblablement ceux de l’Ile-de-France et de la petite couronne parisienne.
Dans un entretien à la revue Grand Paris Développement, il ajoutait que le besoin était de « limiter les couches du mille-feuille territorial en réduisant les strates qui enchevêtrent les compétences et multiplient les coûts ». Dans le viseur, les départements limitrophes de la capitale, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne. Un tel procédé bouleverserait profondément la politique locale. Mais il n’est pas nouveau. Cet ensemble, avec Paris, formait le département de la Seine jusqu’en 1967.
Une fusion de départements en Ile-de-France avec un objectif précis
Mais quelles sont les raisons de cette fusion des territoires ? Bâtir la métropole a plusieurs objectifs. Le premier point est avant tout de faire de Paris la métropole la plus attractive d’Europe. Une fusion qui va en parallèle de la réforme du code du travail et de la fiscalité entreprise par le gouvernement. Une amélioration de l’image économique pour les entreprises comme Londres et la City.
Le second objectif, c’est la construction d’une Métropole du Grand Paris pour tous. « Notre capitale est déjà l’une des plus inclusives en comparaison des autres. Mais nous devons aller plus loin en favorisant les mobilités qu’elles soient physiques ou sociales », explique Philippe Yvin, président du directoire de la Société du Grand Paris, dans les colonnes de la Tribune. Un projet qui va de pair avec le Grand Paris Express qui « désenclavera les territoires aujourd’hui peu ou mal desservis », explique le président.
Le troisième objectif étant bien évidemment de faire de Paris la ville du 21ème siècle. Notamment avec un plan urbain et une politique d’entreprises qui puissent s’exporter à l’étranger. Ce qui pourrait faire de Paris un modèle à l’international.
L’opposition à la Métropole du Grand Paris chez les élus locaux
Dans un entretien au Monde, c’est Patrick Devedjan qui se fait le fer de lance de l’opposition. « Faire disparaître les trois départements de la petite couronne reviendrait à faire disparaître 138 conseillers départementaux. En échange, on maintiendrait douze territoires au sein desquels siègent 1 054 membres qui ne sont pas élus par les habitants mais désignés par les communes », explique le Président du conseil départemental des Hauts-de-Seine.
Mais il n’est pas le seul. Les maires de Roissy-en-France, Epiais-le-Louvres et de quatre communes de Seine-et-Marne refusent d’être intégrés au sein de la Métropole du Grand Paris. « Si j’étais persuadée que le Grand Paris s’intéresse à notre commune et à notre territoire, pourquoi pas. Mais là, je n’y crois pas. Ils sont juste intéressés par l’aéroport et ses retombées économiques. La commune y perdrait. On serait inexistant. Ce n’est déjà pas toujours simple avec la grande agglomération actuelle mais au moins on se connaît, on a les mêmes préoccupations », explique la maire d’Epiais-lès-Louvres, Isabelle Rusin dans les colonnes du Parisien.
Une société française fédéralisée ?
Il est donc évident que chacun va défendre son bout de gras. En effet, les élus locaux tentent de garder les intérêts de leur commune. Être aspiré à la Métropole du Grand Paris serait en effet risqué. Un risque de se retrouver dans l’ombre de la capitale française et de son pouvoir d’attraction économique. Malgré tout, avec le Brexit, Paris a les capacités à devenir la première métropole de l’Union Européenne. Ce qui serait un poids conséquent au sein des négociations à Bruxelles.
Faire de Paris une gigantesque métropole répond aussi à une évolution urbaine de plus en plus fréquente. On a notamment vu récemment la ville de Tours devenir une métropole. Le but étant de devenir une zone plus attractive dans des zones moins urbanisée. Mais avec la création des nouvelles régions, ce serait peut-être un premier pas vers la décentralisation de la France. Un projet en réflexion depuis les années 80. Ce qui aboutit régulièrement à des transformations. On note notamment qu’en 2003 la révision constitutionnelle du 28 mars avait ajouté à l’article premier de la constitution que la France est une république dont l’« organisation est décentralisée ». Nous restons malgré tout loin d’un système fédérale comme c’est le cas en Allemagne. Avec le système des Länder.