Si aujourd’hui le Plateau de Saclay se retrouve au coeur d’une dispute interne au sein de la Métropole du Grand Paris, c’est que sa création attire de plus en plus les convoitises. Situé à la limite de l’Essonne et des Yvelines, ce terrain couvrant 27 communes à une vingtaine de kilomètres au sud de Paris devrait regrouper entre 20 et 25 % de la recherche scientifique française. Un organisme de recherche, de grandes écoles, d’universités et d’entreprises privées… Des bâtiments qui ont pour objectif de mettre en place un pôle d’excellence scientifique et technique.
Bien évidemment, le département de l’Essonne se félicite de pouvoir jouir d’un complexe aussi prometteur. Mais aussi de voir un pôle d’activité de la taille de la Silicon Valley s’installer sur son territoire, à la limite périphérique de la Métropole du Grand Paris. Mais le doute s’installe. Le département pourra-t-il conserver ce pôle ? C’est la crainte du président du département. « Le pire scénario serait que la métropole prenne des territoires qui réussissent, comme le plateau de Saclay ou autour de Roissy en disant: « c’est sympa ce que vous avez fait, maintenant que ça marche, on le récupère » », explique François Durovray lors d’une conférence de presse au siège parisien de l’Assemblée des départements de France le 10 octobre dernier.
L’Essonne veut garder la main sur Saclay
Et sa crainte peut être justifiée. En effet, Paris-Saclay est une zone de développement prioritaire et un pôle d’activité majeur dans la construction du Grand Paris. A en juger par la construction du Grand Paris Express. Bien que le pôle sera desservi malgré toutes les recommandations faites par souci d’économie, il obtiendra le monopole complet du sud de Paris. Notamment par la mise entre parenthèse de la ligne rejoignant Saint-Quentin-en-Yvelines. En effet, la suppression de la ligne Yvelines-Nanterre est en plein coeur d’un débat. Du coup, la ligne qui relierait Paris à Saclay, instaurerait une connexion directe avec la capitale. Paris-Saclay serait donc directement incorporé à la Métropole ?
C’est la crainte des présidents de départements de la grande couronne parisienne. L’aéroport de Roissy, qui marque le pôle d’activité le plus important au nord de Paris, risque aussi d’être incorporé à la grande intercommunalité. Ce qui n’est pas au bénéficie des communes environnantes. En effet, ces dernières refusent de voir une métropole centralisée s’occuper de communes dont elle ne connaît pas les besoins. « Si j’étais persuadée que le Grand Paris s’intéresse à notre commune et à notre territoire, pourquoi pas. Mais là, je n’y crois pas. Ils sont juste intéressés par l’aéroport et ses retombées économiques. La commune y perdrait. On serait inexistant. Ce n’est déjà pas toujours simple avec la grande agglomération actuelle mais au moins on se connaît, on a les mêmes préoccupations », explique la maire d’Epiais-lès-Louvres, Isabelle Rusin dans les colonnes du Parisien.
Une grande couronne qui pourrait se sentir mis à l’écart
Le développement de Paris métropole est une volonté du gouvernement. Le but étant de faire de la ville de Paris le premier pôle économique européen. D’où la mise en avant des pôles d’activité en périphérie de la capitale. C’est le cas de la Défense par exemple. Mais les zones en périphérie telles, que Saclay, Roissy ou encore Saint-Quentin-en-Yvelines, reste une plus-value pour les départements de la grande couronne qui ne veulent pas vivre dans l’ombre de Paris. Ils souhaitent donc garder le bénéfice économique et ses retombées pour les communes environnantes.